Cent étudiants au Panthéon pour l’hommage national à Robert Badinter
Le 9 octobre dernier, la Nation a rendu hommage à Robert Badinter en l’accueillant au Panthéon. Figure majeure de l’histoire juridique et politique française, ancien garde des Sceaux et professeur de droit, il a profondément marqué plusieurs générations d’étudiants. Cent, venus de l’université, ont eu l’honneur d’assister à la cérémonie.
Deux d’entre eux racontent ce moment d’histoire, empreint de dignité, d’émotion et de transmission.
Une présence étudiante au cœur d’un moment historique
Face au Panthéon, le 9 octobre, les étudiants de Paris 1 Panthéon-Sorbonne ont pris place à la cérémonie nationale. Ancien professeur de l’université, il y a porté une vision du droit indissociable de l’humanisme et du respect inconditionnel de la dignité humaine.
Pour Martin Blancher, étudiant en première année de master droit, assister à cette panthéonisation relevait d’une évidence. Selon lui, « Robert Badinter incarne à la fois un combat contre ce qu'a pu être la barbarie judiciaire et un modèle de justice qui inspire les générations d’étudiantes et d’étudiants depuis des décennies ».
Cette transmission intellectuelle et morale, au cœur des formations, trouvait ce jour-là une résonance particulière. Les étudiants étaient à la fois témoins d’un événement historique et héritiers d’un combat mené au nom du droit et des libertés fondamentales.
Même sentiment pour Noah Saez Perez, étudiant en première année de master en justice, procès et procédure à l’École de droit de la Sorbonne (EDS) : « J’ai eu le sentiment d’être privilégié en assistant de si près à l’hommage rendu par la Nation à Robert Badinter et de mesurer ce qu’il a apporté à notre République, tout en ayant conscience de participer à un véritable instant d’histoire. »
Solennité et émotion au Panthéon
Dès les premières minutes de la cérémonie, l’atmosphère s’est imposée de retenue s’est imposée. Devant la façade du Panthéon, la devise gravée dans la pierre Aux grands Hommes, la patrie reconnaissante, prenait un sens particulier. Martin Blancher, se souvient de la solennité de l’instant et explique qu’il a ressenti « face au Panthéon où entrait Robert Badinter, l'intensité du combat auquel ce dernier avait consacré sa vie". Un combat désormais scellé par cet hommage national. »
Les éléments eux-mêmes semblaient accompagner cet instant hors du temps. Il ajoute que « les couleurs chaudes et le froid d’octobre ont donné à la cérémonie une ambiance particulière. J’ai été touché par sa sobriété ».
Parmi les temps forts de la cérémonie, plusieurs prises de parole ont marqué les esprits. Martin Blancher raconte qu’Alexia Colin-Bonardot, alumni de l’université et auditrice de justice, a rappelé que Robert Badinter « avait mené son combat armé de la seule force de la parole et de la gravité des mots, et que la justice ne doit jamais perdre de vue sa finalité, celle de la réinsertion de l’individu. »
La présence sur les marches du Panthéon de nombreux avocats et magistrats rendant un dernier hommage à l’un des leurs a également constitué un moment émouvant de la cérémonie, soulignant le lien indéfectible entre la profession et l’héritage Robert Badinter.
Un héritage vivant
Pour Noah Saez Perez, l’instant même de la panthéonisation restera gravé dans sa mémoire. Il se souvient de « l’entrée du cercueil dans le Panthéon, porté par la Garde républicaine, symbole de l’entrée de Robert Badinter parmi les grands hommes et les grandes femmes. »
La cérémonie s’est conclue par une séquence d’une intensité particulière, Pour Noah, « sa voix évoquant son espoir de revoir son père, déporté pendant la guerre, a suscité une émotion très forte. C’était un moment bouleversant. »
Au-delà de l’abolition de la peine de mort, dont l’anniversaire était célébré ce jour-là, les deux étudiants évoquent la richesse et la diversité des combats menés par Robert Badinter, qu’il s’agisse de la lutte contre les discriminations, de la dépénalisation de l’homosexualité, de la défense de la réinsertion des personnes incarcérées ou du combat constant contre l’antisémitisme et le racisme.
Pour Martin, l’héritage transmis aux générations future reste évident. Il souligne que « les sociétés peuvent évoluer et renoncer à des convictions qu’elles tenaient pour immuables. Mais les libertés ne doivent jamais être considérées comme acquises ; elles ne se maintiennent que par la vigilance de ceux qui les portent. »
Les cent étudiants présents ont vécu bien plus qu’une simple cérémonie, un moment de transmission, rappelant que le droit évolue et que la défense de la dignité humaine reste une responsabilité collective.
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